- 18 octobre 2020
- Redacteur Sene
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LA PANDEMIE DU COVID19, POINT DE VUE D’UN APPRENTI-ECOLOGISTE (Partie 2)
PARTIE 2 : MES REGRETS, DECEPTIONS ET AMERTUMES
A peine je me remets de mes surprises que des regrets m’envahissent au vu de tout ce qui se passe (résumé dans la partie 1 « Ma Surprise »). Mais surtout, des sentiments de déception et d’amertume m’habitent en pensant à tout ce qui aurait pu être fait pour nous épargner et mieux, nous préparer à plus de résilience face à cette pandémie.
- DES REGRETS
Le Covid19 se sera propagé dans le monde d’une manière très rapide, surprenant tous les Etats qui n’avaient pas le temps de se préparer face à cette pandémie.
Et je vais faire une petite pseudo-redondance sur le mot TEMPS. Je voudrais vous dire que du temps, on en a eu pour nous préparer et/ou éviter des crises de ce genre. L’humanité a eu même énormément de temps. Autant de temps que nous en avons en cette période de confinement, où des fois, on a l’impression que le temps s’est arrêté.
Et c’est justement ce que je regrette avec peine et amertume ; TOUT le temps ENORME que l’humanité a perdu pour réagir pendant qu’il était encore temps. Pourtant, il était bien plus facile pour elle, d’éviter ce genre de crises ou à défaut de mieux les affronter, puisqu’elle aurait été préparée un tant soit peu.
Qu’on ne nous dise pas qu’on ne savait pas. C’est faux ! On le savait tous. Eh Oui ! Nous avons été prévenus. Parce que des alertes, des avertissements, les cris de cœurs…, il y en a eu. Beaucoup d’encre a coulé sur la nécessité de changer de cap avant qu’il ne soit trop tard.
En effet, je peux vous dire que ça fait un bon moment que des hommes et des femmes nous avertissent et nous préviennent sur la dangerosité de la voie autodestructrice que l’humanité avait fini d’emprunter. Qu’ils s’appellent écologistes, philosophes, scientifiques, poètes, écrivains, religieux,….et que sais-je encore ! Ils ont alerté et prédit. Et ils l’ont fait à temps. D’ailleurs, ils n’ont jamais arrêté de le faire jusqu’à maintenant.
Aussi loin que j’aie pu remonter dans mes recherches, je suis d’abord tombé sur l’anglais Thomas Robert Malthus. Certains d’entre vous ont dû entendre parlé de son Essai sur le principe de la population. Déjà en 1798, peu avant la phase de décollage de la révolution industrielle en Angleterre (en 1803), Malthus nous prévenait sur les risques de famine liés à une croissance démographique exponentielle à long terme si la capacité de production agricole ne suivait pas.
Plus tard encore, et nous n’étions qu’en 1855, Eugène HUZAR écrivait « LA FIN DU MONDE PAR LA SCIENCE ». Puis en 1864 George Perkin MARSH écrit « MAN AND NATURE ». Ces auteurs firent déjà l’identification des problèmes et impacts de l’industrialisation, de la science (sans conscience) bref, de ce qui allait advenir de l’homme moderne, de la nature.
En 1891, le Pape Léon XIII écrivait dans son encyclique RerumNovarum (ou le Désir des Choses Nouvelles, c’est-à-dire de la modernité) ceci : « Quant aux riches et aux patrons, ils ne doivent point traiter l’ouvrier en esclave … Ce qui est honteux et inhumain, c’est d’user de l’homme comme d’un vil instrument de lucre ». Le Saint Père ne prévenait-il pas déjà du danger de l’exploitation de l’homme par l’homme et de toutes les dérives du patronat et des situations précaires de la classe ouvrière telles que nous les connaissons aujourd’hui ?
En 1932,Henri Bergson nous prévenait sur le progrès en écrivant ceci : « l’humanité gémit, à demi écrasée sous le poids des progrès qu’elle a faits… ».
Toujours dans le même son de cloche, on peut citer la Planète au pillage d’OSBORN en 1948, sur la logique de la prédation de l’économie moderne ou encore le célèbre Printemps Silencieux de Rachel CARSON, en 1962 au Etats Unis, dénonçant les impacts des pesticides. Elle va d’ailleurs combattre jusqu’à sa dernière énergie, l’industrie chimique qui n’était qu’à ses débuts.
Pas si loin que cela, en 1972, le rapport Meadows du M.I.T prédisait la fin de la croissance à l’horizon 2100 si nous ne changions pas de cap. Il nous prévenait sur les risques de la croissance infinie et des limites physiques de la planète. Le rapport basé sur une démarche scientifique rigoureuse et révolutionnaire, avec la modélisation informatique qui était à ses débuts, avait fini par convaincre de sa pertinence, tant dans ses constats que dans ses conclusions. Le crédit accordé à ce rapport à travers le monde était tel que les NU ne pouvaient ignorer cette ultime alerte.
C’est ainsi qu’en 1972 à Stockholm se tiendra sous l’égide des Nations Unies la première conférence internationale sur l’environnement assortie de la déclaration des NU sur l’environnement avec 26 principes.
Toujours sous la coupole des NU, en 1987, dans Le Rapport Brundtland, on découvre la notion de développement durable avec toutes les vertus qu’il englobe. Un concept consensuel qui avait fini par faire l’unanimité sur la voie qu’il fallait désormais emprunter pour sauver l’humanité des scénarios de crise prédits par Meadows et son équipe.
En 1992, nous avions eu le Sommet de la Terre à RIO, un des sommets ou conférences sur l’environnement les plus représentatifs et médiatisés jamais organisés.
Et ce n’est pas fini ; en 2002 à Johannesburg ou RIO+10, nous avions eu le 2e sommet de la Terre au lendemain des OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement pour l’horizon 2015. Echec ou réussite ? Aujourd’hui on a les ODD ou Objectifs de Développement Durable, pour un nouvel horizon 2030.
Un autre Pape sera obligé de revenir à la charge en mai 2015 (125 ans après son prédécesseur), le Saint-Père François Ier, avec son Encyclique : LAUDATO SI sur la SAUVEGARDE DE LA MAISON COMMUNE. Il affirme dès l’introduction que :« la violence de l’homme (…) se manifeste aussi à travers les symptômes de maladie que nous observons dans le sol, dans l’eau, dans l’air et dans les autres êtres vivants ». Il ajouta dans la même introduction :« C’est pourquoi, parmi les pauvres, les plus abandonnés et maltraités, se trouve notre terre opprimée et dévastée, qui gémit en travail d’enfantement ».
En Novembre 2015, se tenait la très célèbre COP21 à Paris, débouchant sur ce qu’on appellera les Accords de Paris sur le climat…Encore une déclaration d’intention de plus de la part des gouvernements !
On pourrait continuer la liste. Pour dire que beaucoup d’eau a coulé sous les ponts de l’écologie. Mais hélas ! Qu’avons-nous fait de toutes ces alertes ?
Voilà tout le sens ou la justification de mon regret, car cette pandémie n’est qu’une de plus ou une résultante de ces crises. Toutes les alertes susmentionnées auraient dû nous mettre la puce à l’oreille et nous permettre d’être plus résilients. On a tellement tardé à réagir !
- MA DECEPTION/ AMERTUME
Plus de 200 ans après l’essai de Malthus, bientôt un demi-siècle (48 ans) après la conférence de Stockholm et presque 30 ans (dans 2 ans) après celui de RIO, on peut faire le triste constat que rien ou pas grand-chose n’a pratiquement pas été fait pour faire changer à l’humanité de cap et lui éviter cette crise et celles du futur qui menacent sa survie.
Il est décevant et navrant de voir qu’on a perdu énormément de temps à agir pour changer la donne et sauver l’humanité. Mais comment a-t-on pu en arriver là ?
Et bien, durant tout ce temps là, nous avons triché avec nous-mêmes. Nous nous sommes menti. Nous avons fait preuve d’un déni total. Nous nous sommes voilés la face bien des fois. Nous avons fait semblant. Nous avons fait preuve d’égoïsme. Nous avons engagé des lobbyistes payés à coût de milliards pour combattre les « prophètes de malheur » qui tentaient de changer les choses. Nous avons manqué de volonté et de courage. La peur et le scepticisme nous ont tout le temps vaincus. Nous avons beaucoup de fois hésité à passer à l’action. C’est regrettable !
On se souvient tous de la démission de Nicolas Hulot, ancien ministre de la transition écologique de la France, par ailleurs connu à travers le monde entier pour son engagement dans le combat écologique. Il résumait les raisons de sa démission en ces termes : « JE NE VEUX PLUS ME MENTIR ». « Je ne veux pas donner l’illusion (que ma présence au gouvernement signifie) qu’on est à la hauteur de ces enjeux là. Et donc, je prends la décision de quitter ce gouvernement ». Il ajoutait ceci : « Pour un enjeu aussi important, je me surprends tous les jours à me résigner, tous les jours à m’accommoder des petits pas. Alors que la situation universelle au moment où la planète devient une étuve mérite qu’on se retrouve, qu’on change d’échelle, qu’on change de scoop, qu’on change de paradigme ». Nous étions le 28 août 2019.
On pouvait lire sur son visage à la RTL9 et dans sa voix, la sincérité de l’homme et surtout le sentiment de s’être libéré du lourd fardeau du mensonge, de l’illusion, masque, du semblant, de la triche,…
Mais on pouvait aussi percevoir la déception, l’amertume ou encore la « haine », la « colère » de Nicolas Hulot face à son échec, à l’échec du gouvernement du Président Macron.
En effet, la déception, l’amertume et le sentiment de se mentir de Hulot, ne mettaient-ils pas en lumière le comportement de l’Europe, des grandes puissances et même de l’humanité entière face à des enjeux importants qu’elles tardent encore à affronter ? Voilà donc ainsi résumé dans la déclaration de Hulot, notre comportement pendant tout le temps qu’on a eu pour réagir et passer aux actions concrètes, et ainsi éviter les crises comme celle-ci.
C’est cela aussi, ma déception et mon amertume comme celles de Hulot et de beaucoup d’autres hommes et de femmes à travers le monde, face à l’inaction collective et coupable d’un monde dopé par la drogue de la croissance, du capitalisme, du marché, de la finance, de la consommation, de la « magie » technologique, du virtuel,….En un mot, de tout sauf d’une dose d’humanité.
PARTIE 3 : Ma GRANDE JOIE
Ne dit-on pas qu’à quelque chose, malheur est bon ? Après tout, ne sommes-nous pas assez nombreux à reconnaitre que dans cette crise, il y a quand même des choses positives ?……..
Paul SENE
Conseiller en RSE&Développement Durable
Tel: 77 632 16 48
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